INTERVIEW - L'ex membre du Saian Supa Crew présente son nouvel album Gallery. Cette petite merveille marque un tournant dans la vie de l'artiste qui s'est enfin remis de la séparation du groupe. (Source : Figaro)
Même s'il a déjà connu le succès avec le groupe légendaire du Saïan Supa Crew, Sir Samuel, ne s'est pas résigné à faire une croix dessus pour sa carrière solo. Et ce n'est pas son second album Gallery sorti en octobre dernier, qui pourrait affirmer le contraire. Bariolé de sonorités diverses et conduit par une énergie incomparable, ce nouvel opus est une petite merveille à la fois destiné aux amoureux du Saian et du grand pubic. Trépignant d'impatience à l'idée de rencontrer son public, l'artiste sera en concert, entre autres, le 24 novembre prochain au Nouveau Casino de Paris.
Pour ce nouvel album, vous avez laissé de côté les sonorités dancehall très présentes sur votre premier album Vizé pli o', pour quelles raisons ?
Sir Samuel - C'est vrai. J'ai eu l'impression de devoir changer les choses et de modifier les codes. J'ai donc essayé d'emmener ma musique un peu plus loin et de me faire plaisir. Ainsi j'ai tenté de souligner chaque chanson d'une sonorité différente. C'est une vraie galerie, d'où le nom de cet album.
C'est votre premier album, depuis la séparation du Saian Supa Crew, pourtant l'empreinte musicale du groupe est très présente, notamment sur le duo Mental Offishall avec Féfé…
Avec Féfé on ne s'est jamais perdu de vue. J'ai d'ailleurs travaillé avec lui sur l'album Jeune à la retraite. Il m'a influencé au niveau de l'écriture, afin d'être plus précis et me pousser à aborder davantage de thèmes. Le morceau Mental Offishall est touchant par sa simplicité. Il est vrai qu'il aurait pu paraitre dans l'un des albums du Saian. Ces derniers temps on essayait justement de faire des choses plus directes et plus franches.
Il y a aussi le morceau Anisa qui est une anagramme de Saian…
J'ai fait cette chanson afin de cicatriser. La séparation a été difficile à digérer. On a vécu ensemble toute notre vie. On a fait le tour du monde et rencontré nos idoles. La musique du Saian sera toujours présente dans ma vie.
C'est effrayant de se lancer en solo ?
Non. C'était l'aspiration du groupe. Le Saian Supa Crew était un empire, dans lequel on pouvait promouvoir notre carrière solo, sans jamais oublierde revenir dans le groupe.
Est-ce que cela veut dire que le Saian va revenir ?
C'est ce qui était prévu, mais je ne crois pas. Les esprits ont changé. Au début, les membres du groupe étaient liés par le respect des différences, mais l'indifférence nous a finalement séparés. Puis désormais je forme un nouveau groupe avec mes musiciens, puis surtout j'ai désormais de nouveaux projets avec d'autres artistes.
Avez-vous reçu du soutien de la part de quelques membres ?
Oui, mais de loin ! Vicelow a posté un message sur son Facebook, même s'il n'a pas oublié de préciser que nos relations avaient changé. Specta m'a aussi encouragé. Mais pas de nouvelles de Leeroy et de Sly Johnson.
Vous avez dit «Je veux qu'il y ait un Jean Jacques Goldman dans le rap». Qu'est ce que cela signifie ?
Outre le fait que j'aimerais avoir sa carrière, je voulais surtout dire que le hip hop ne doit pas rester dans son microcosme. On doit arrêter de penser que le hip hop est une musique de jeunes et que la variété est faite pour les vieux. Il faut que cela se modernise et surtout qu'on arrête de mentir. En réalité notre musique est faite d'une multitude de genres musicaux.
Dans votre morceau Carnaval, vous dénoncez justement la caricature du rap français
Effectivement, je pense qu'il y a un sérieux manque d'humilité et de normalité. Le rap français ne doit pas être fait simplement de violence, de bling-bling, de drogue et de filles. Cela ne devrait pas être notre porte parole. Le rap ce n'est pas que Booba, il y a aussi autre chose.
Acceptez-vous facilement la critique ?
Je pense oui. J'aurais fait un concept-album cela aurait été différent mais là je l'accepte facilement. Elle est souvent constructive et bénéfique. Puis tant mieux s'il y en a ! J'ai encore beaucoup de choses à faire, je suis loin d'avoir tout dit. Par exemple, j'aimerais bien faire un album de duos, mais pas seulement avec des artistes hip hop. Et l'idée de faire un mini-album avec des reprises de chansons françaises, me tente aussi !
Ce deuxième album vous tient-il plus à cœur que le précédent ?
Pour le premier album j'étais encore avec le Saian, je me sentais donc protégé. Là il n'y a plus de groupe, plus de couverture, plus rien ! Mais ce qui est surtout important pour moi, c'est d'être régulier et de pouvoir présenter de nouveaux projets régulièrement.
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